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Une très brève carrière

por Michel David · 25 de Maio, 2020
Jacques Demy

Lola (Jacques Demy, 1961)


Je suis né à Nantes, une de ces villes magnifiées par le cinéma. Quand j’étais à la Cinémathèque française, j’avais invité Jacques Demy, plusieurs fois; et j’avais tenu à montrer Une chambre en ville, où l’essence de la ville, son âme profonde étaient le substrat du film.


Demy est né à Pontchâteau, à 50 km à peu près de Nantes, à l’orée d’une région, la Brière, faite de marais, de canaux, de tourbes, avec une organisation socialisée des terres. Mes grands-parents faisaient le même métier que le père de Jacques, dans un petit village voisin; ils se connaissaient très bien. C’est donc loin très loin du cinéma que j’ai connu Jacques Demy. Je ne veux pas dire que j’ai été un ami ou un intime; ce sont ces circonstances qui nous ont fait nous croiser, puis, plus tard, nous retrouver.

Mes quinze ans. Je sors du lycée Jules Verne et je vais dans un endroit que j’aime, le passage Pommeraye, un comble du kitsch (il y avait un magasin de “farces et attrapes” et quelques autres originalités). Et, par le pur hasard, je tombe sur le tournage dans le passage de Lola (je ne connaissais ni le titre, ni l’histoire bien entendu). Mais je vois Demy qui, sans hésitation, m’engage comme figurant.

Et me voici donc quelques marches au-dessus du plateau central du passage.

Je ne peux pas dire que le souvenir de cette demi-journée de tournage m’ait laissé un immense souvenir.

Je suis allé voir le film au Katorza. Et la magie a opéré. Je me suis plongé dans le film; j’ai ressenti au plus profond de moi l’ambiance. Et, après être sorti, je me suis aperçu que je ne m’étais pas vu. J’avais oublié. A l’époque il y avait encore le “cinéma permanent”; je suis retourné à la séance suivante dans la ferme intention de me voir. Narcissisme quand tu nous tiens…

Et cruelle déception.  Le (le, pas les) plan où j’apparais est cadré de telle façon qu’on ne voit que le bas de mes jambes et mes pieds. Donc à part moi, il n’y a personne pour me reconnaître. Le lecteur peut même se dire que j’ai inventé ou rêvé. Je n’en étais pas là à cet âge. Ma carrière d’acteur s’est arrêtée là. On peut faire plus glorieux, mais ce n’est quand même pas n’importe quel film.

A vrai dire, je n’apparais qu’une autre fois dans un film, et cette fois en chair et en os, dans une séquence entière. J’ai produit le seul film d’un très grand dessinateur et écrivain français, Frédéric Pajak,” En mémoire du monde”. Une des scènes est filmée chez moi. Il s’agit d’un “dîner de cons”. Je suis un des cons.

Et je me suis dit que ma place n’était pas devant la caméra; je connais trop bien la puissance de cet outil; être “du métier” n’a jamais été de tout repos, et tant mieux; mais “faire l’acteur” reste pour moi un mystère.


Michel David

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